Tout savoir sur l'Accord de Paris

Tout savoir sur l'Accord de Paris
  • juillet 22, 2024

Les changements climatiques représentent une urgence mondiale qui transcende les frontières nationales, nécessitant des solutions coordonnées à tous les niveaux et une coopération internationale pour permettre une transition vers une économie bas-carbone.

Pour répondre à cette crise et ses impacts négatifs, les dirigeants mondiaux réunis à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris ont réalisé une avancée majeure le 12 décembre 2015 en adoptant l'historique Accord de Paris.

Que contient précisément l'accord de Paris ? Quels sont ses objectifs principaux ? Comment est-il structuré et mis en œuvre ? A-t-il conduit à des avancées notables dans la lutte contre le changement climatique ?

Réponses dans cet article.

Qu'est-ce que l'Accord de Paris ?

L'Accord de Paris : définition

L'Accord de Paris est le traité international visant à limiter la hausse de la température mondiale à un niveau bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, avec des efforts pour limiter cette hausse à 1,5°C. Adopté en 2015 lors de la COP21 à Paris, cet accord est le premier à être juridiquement contraignant et à rassembler 194 parties signataires.

 👉 Les 194 Parties désignent 193 États auxquels vient s'ajouter l'Union européenne. 

Aujourd’hui, l'objectif de 2°C est devenu une référence clé pour évaluer les progrès mondiaux dans la lutte contre le changement climatique.

A noter

Il est important de souligner que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU (GIEC) a très tôt alerté sur les risques de dépasser le seuil de +1,5°C. En effet, franchir ce seuil pourrait entraîner des changements climatiques majeurs, tels que des canicules, des sécheresses et diverses catastrophes naturelles.

Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, nos émissions de gaz à effet de serre (GES) devraient culminer au plus tard en 2025, puis diminuer de 43 % d'ici 2030. À plus long terme, il faudrait atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Officiellement, les pays signataires de l'accord de Paris s'engagent à contenir la hausse des températures en dessous de +2°C, tout en poursuivant leurs efforts pour ne pas dépasser +1,5°C.

En France, l'accord de Paris a été mis en œuvre en 2017, par le biais du Plan Climat instauré par le ministre de la Transition écologique et solidaire de l'époque, Nicolas Hulot.

Les objectifs

L'Accord de Paris a trois objectifs principaux :

  • Réduire significativement les émissions mondiales de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 2 °C d'ici la fin du siècle, avec l'objectif supplémentaire de le restreindre à 1,5 °C ;
  • Réviser les engagements nationaux tous les cinq ans pour augmenter les ambitions climatiques ;
  • Apporter un soutien financier aux pays en développement pour atténuer les impacts des changements climatiques, renforcer leur résilience et améliorer leurs capacités d'adaptation.

Le saviez-vous ? Il a fallu 6 ans pour finaliser l'accord de Paris. En effet, le règlement de l'accord de Paris, qui précise les modalités de mise en œuvre, a été publié en décembre 2018 lors de la COP24, puis validé en novembre 2021 lors de la COP26.

Image de Paris

Le fonctionnement

L'accord de Paris fonctionne sur un cycle quinquennal, au cours duquel les pays mènent des actions climatiques toujours plus ambitieuses. Tous les cinq ans, chaque pays doit présenter un plan d’action national révisé, appelé « contribution déterminée au niveau national » (CDN).

Dans leur CDN, les pays détaillent les mesures qu’ils prendront pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin d'atteindre les objectifs fixés dans l'Accord de Paris. Ils y communiquent également les actions prévues pour renforcer leur résilience et s’adapter aux effets de la hausse des températures.

Pour mieux encadrer les efforts vers l’objectif à long terme, les pays sont invités, en vertu de l'accord de Paris, à formuler et communiquer des stratégies de développement à long terme à faibles émissions de gaz à effet de serre (LT-LEDS). Contrairement aux CDN, celles-ci ne sont pas obligatoires.

En 2023, le premier « bilan mondial » évalue les progrès réalisés par rapport aux objectifs de l'accord de Paris. Ce processus encourage davantage les pays à prendre des mesures climatiques ambitieuses pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 degré Celsius.

En dernier lieu, le Cadre de Transparence Renforcée instauré par l'Accord de Paris stipule que tous les pays signataires doivent désormais rendre compte de manière plus transparente des mesures prises et des progrès réalisés sur leur territoire en matière d'atténuation, d'adaptation ainsi que du soutien fourni ou reçu, à partir de l'année 2024.

Comment les pays se soutiennent-ils les uns les autres ?

L'Accord de Paris établit un cadre pour le soutien financier, technique et de renforcement des capacités aux pays nécessiteux.

Finance

L'Accord de Paris réaffirme que les pays développés doivent prendre l'initiative de fournir une aide financière aux pays moins industrialisés et plus vulnérables, tout en encourageant pour la première fois les contributions volontaires des autres parties. Le financement climatique est essentiel :

  • Pour atténuer l'impact environnemental des pays en développement, en soutenant leur propre transition écologique ;
  • Pour aider ces pays à s'adapter aux effets néfastes du changement climatique auxquels ils sont très souvent exposés.

Technologie

L'Accord de Paris promeut une vision de développement et de transfert de technologies entre pays. L'idée étant que les Etats soient solidaires les uns des autres.

Renforcement des capacités

Les pays en développement sont confrontés à des défis considérables dans leur capacité à répondre au changement climatique. C'est pourquoi l'Accord de Paris accorde une grande importance au renforcement des capacités climatiques dans ces pays. Ce renforcement des capacités doit être initié par les pays développés, généralement mieux dotés.

Quel premier bilan pour l'Accord de Paris ?

Lors de la COP28, un point crucial a été le premier bilan mondial de l'accord de Paris, évaluant les progrès accomplis vers les objectifs climatiques fixés par l'accord.

Ce qu'il faut retenir

  • Engagements climatiques : actuellement, les actions des pays placent la planète sur une trajectoire de réchauffement entre 2,5 et 2,9 °C d'ici la fin du siècle, bien au-dessus de l'objectif de 1,5 °C. (Source : ONU, 2023) En 2022, les émissions mondiales ont atteint des niveaux records. Sur la période 2021-2022, elles ont augmenté de 1,2 % pour culminer à 57,4 gigatonnes d’équivalent CO2.
  • Bilan global : le premier bilan mondial de la COP28 montre que les engagements actuels ne suffisent pas, avec seulement une réduction de 2 % des émissions prévue entre 2019 et 2030, loin des 43 % nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.
  • NDC : les contributions déterminées au niveau national des pays, qui devraient être régulièrement mises à jour, manquent souvent d'ambition et ne sont pas toujours respectées. « La plupart des NDC ne sont pas plus ambitieuses qu’avant », déplore Marine Pouget (responsable gouvernance internationale sur le climat à Réseau Action Climat), ajoutant que les plans annoncés « ne sont pas forcément respectés ». « Il y a une différence entre ce qui est annoncé, et ce qui se fait vraiment. Et même si on les prend en compte, on reste au-dessus de 2 °C ».
  • Prévisions alarmantes : selon une étude de Nature Climate Change, le seuil de +1,5 °C pourrait être atteint d'ici 2034. Déjà, des journées ont vu des températures mondiales dépasser les +2 °C par rapport à la moyenne préindustrielle.
  • Lacunes et défis : l'accord de Paris ne traite pas des énergies fossiles, principales sources de gaz à effet de serre. Il dépend aussi de la volonté des gouvernements à le mettre en œuvre dans leurs législations nationales.
  • Financement climatique : les pays riches avaient promis 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour l'action climatique d'ici 2020. Cet objectif a probablement été atteint en 2022 selon l’OCDE, mais est maintenant obsolète vu les besoins croissants des pays en développement, estimés à 2 400 milliards USD par an entre 2026 et 2030.

Et pour la suite ?

En réponse, les parties se sont engagées à présenter leurs plans climatiques actualisés pour 2035 d'ici la COP30, en les alignant sur l'objectif de 1,5 °C en se basant sur les meilleures données scientifiques disponibles et les résultats du bilan mondial de 2023.

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